Didier Debaise. Vocabulaire de Whitehead

Whitehead (1861-1947) appartient, avec Leibniz, à cette lignée particulière de philosophes mathématiciens. Professeur de mathématique à Cambridge, il écrit un traité d‘algèbre universel, un autre sur les axiomes de la géométrie projective, pour ensuite s‘intéresser à la logique et écrire avec B. Russel les Principia mathematica (1910-1913). Ses œuvres spéculatives viendront plus tard. Tout d‘abord, Le concept de nature (1920) dans lequel Whitehead développe une forme très singulière de phénoménologie de la perception de la nature qui le rapproche de James, de Bergson et par certains aspects de Husserl ; ensuite, La Science et le monde moderne (1925) que Whitehead décrit comme une étude « critique des cosmologies » et qui lui permet d‘attribuer à la philosophie une fonction : elle doit « harmoniser, refaçonner et justifier des intuitions divergentes relatives à la nature des choses. Elle doit insister sur l‘investigation des idées ultimes et sur la prise en compte de l‘ensemble des éléments qui fondent notre modèle cosmologique »; enfin, Procès et réalité (1929), un « des plus grands livres de la philosophie moderne » dont l‘ambition est de « former un système d‘idées générales qui soit nécessaire, logique, cohérent et en fonction duquel tous les éléments de notre expérience puissent être interprétés ». Ce projet, on n‘en trouvera des correspondances que chez des philosophes pré-kantiens comme Spinoza ou Leibniz.

Alfred North Whitehead